Naissance des gardiens de la mémoire

L'Histoire de la Naissance du Projet "Les Gardiens de la Mémoire"

Je m'appel Alexandre, graphiste et imprimeur. J'ai toujours été passionné par le dessin, l'art, la littérature et la peinture. Dans un monde qui va à 100 à l'heure, ou la plupart des choses sont superficielles, il n'est pas toujours aisé de rester concentrer et focus devant tout ce qui se présente à nous.

Alors je m'évade, dans ma tête, dans l'histoire, dans les arts... Il y a quelques années, j'ai entrepris d'écrire un livre et même de le dessiner, une fiction dans laquelle j'étais déjà le descendant d'un conteur de village qui détenait les savoirs des peuples, un gardien de la connaissance des hommes. Le livre est toujours inachevé, il le sera car les histoires sont un mélange tentaculaire de mythes et d'histoires de chaque continent.

Passionné de généalogie également, j'ai remonté le temps de mes ancêtres jusqu'à où j'ai pu et je continue encore. Je me suis engagé dans une aventure palpitante, pleine de découvertes, de souvenirs et de connaissances, mais malgré tout, je sens toujours ce vide. J'aurais aimé avoir un œil sur le passé pour voir comment mes ancêtres vivaient, comment ils s'aimaient ou se détestaient, peu importe, juste les voir et observer leurs vies, car si je suis là aujourd'hui, c'est que maintes générations se sont succédées pour arriver à l'instant présent. Donc nous tous qui sommes ici, sommes forcément issus de longues lignées.

Malheureusement, je ne pourrais pas revenir à mes ancêtres lointains et savoir tout cela. Alors l'idée m'est venue. Si je ne peux pas remonter le passé, sans doute qu'à l'avenir des gens se poseront les mêmes questions. Dans les livres d'histoire, il n'y a que l'histoire de ceux qui l'ont transmise ou en ont été témoins, mais pas de trace du petit paysan du coin qui faisait vivre toute une famille de son labeur, pas de trace d'un papa et d'une maman qui n'étaient que des parents, des gens lambda et tant d'autres. C'est triste, je trouve.

Alors quel serait le moyen de raconter l'histoire de chacun, je veux dire celle de l'humanité, de ceux qui aimeraient laisser une trace, une empreinte, une part d'eux-mêmes? Il y a peu de temps, j'ai perdu mon père. J'ai eu la chance de le connaître jusqu'à presque mes 50 ans, et je lui demandais tout le temps de me raconter son enfance, ses rapports avec les gens, avec la famille et tout un tas de choses.

Mon père était une personne de grand cœur, qui a beaucoup aidé les jeunes des quartiers où nous vivions. Ils lui ont toujours rendu avec respect et honneur.

Tous ces déclencheurs mis bout à bout m'ont insufflé l'idée de pouvoir faire l'inverse. Si je ne peux pas aller chercher trop loin dans le passé, je peux intervenir très loin dans le futur. Si j'arrive avec tous les moyens actuels à graver mon empreinte, à laisser des messages à mes arrière-petits-enfants si j'en ai plus tard, et même si je veux transmettre un message à quelqu'un qui vivra dans 800 ans par exemple, j'en ai le pouvoir. Il suffit que je m'enregistre, que je regroupe des photos, des textes ou lettres que j'aurais écrits et que je trouve le moyen de les mettre dans une capsule temporelle. Si par chance elle est découverte dans très longtemps, quelqu'un saura que j'ai existé, quelqu'un saura quelle a été une partie de ma vie.

Mais comment faire? Et puis ce que je souhaite avant tout, c'est que cette découverte soit faite par un de mes descendants s'il y en a dans le futur. La terre change, les causes climatiques, les guerres, tous les événements qui se produisent vont ensevelir mon histoire et peut-être que personne n'en saura rien. Cette idée m'est insupportable. Bien sûr, dans un premier temps, nous faisons perdurer l'humanité, mais j'en veux plus et c'est mon droit. Je veux que mon existence perdure non pas par la renommée comme les acteurs ou actrices, hommes ou femmes politiques. D'ailleurs, qui se rappelle vraiment dans les nouvelles générations ne serait-ce que de trois acteurs des années 1950? Peu lorsque je parle de certains.

Si cela a de l'importance pour moi, peut-être que pour d'autres aussi. Alors là et maintenant, je décide de lancer cette idée que nous pouvons agir sur le futur en laissant nos traces, nos enseignements, nos engagements et que c'est le droit de chacun de le faire.

Comment récupérer toutes ces données pour qu'elles ne se perdent pas? Eh bien, avec les moyens actuels, on peut les enregistrer dans des disques durs, plusieurs disques conservés en plusieurs endroits de la planète, demander à l'UNESCO de l'aide et de faire reconnaître qu'il s'agit là d'un projet pour l'humanité, un héritage durable.

Où conserver ces données? Il faudrait un gardien au moins sur chaque continent et qu'il soit imprégné de confiance pour qu'il stocke des disques durs. Mais ce n'est pas assez. Comme je l'ai dit précédemment, les catastrophes, les changements et autres faits dont nous n'avons pas la maîtrise peuvent enterrer tout cela. Il y a une réserve mondiale au Svalbard, pourquoi ne pas leur demander d'en conserver aussi une copie? C'est chose faite, la demande est transmise.

Mais je souhaite aller encore plus loin. Je ne sais pas comment va devenir notre planète, mais nous sommes capables d'envoyer des modules dans l'espace, nous avons atteint la lune et Mars, alors pourquoi ne pas envoyer ces données sur la station internationale par exemple pour les conserver sous une forme ou une autre et par la suite sur Mars? Je vois peut-être trop grand ou trop loin, mais je pense que nous méritons tous l'éternité et c'est un moyen de perdurer. Même si cela semble irréalisable, l'humain a été capable de bien plus, alors je transmets quand même toutes mes demandes aux institutions. Au pire, je peux me trouver devant un "non". Ce n'est pas grave. Quelqu'un finira par me soutenir et m'aider dans cette logistique qui m'attend.

L'autre question, comment rendre à César ce qui appartient à César? Comment les descendants du futur feront pour trouver leurs ancêtres et écouter leur histoire? Eh bien, tout sera dans le kit, une carte avec le contact d'un gardien, un code unique et personnel qui sera transmis afin d'accéder aux données. Aujourd'hui, je suis le premier gardien, mais j'ai déjà trouvé trois autres personnes plus jeunes que moi qui le deviendront en Europe et aux États-Unis. Il m'en faudra certes d'autres, mais je trouverai.

Voilà comment d'une idée artistique, d'une fiction, cette idée a germé et s'est transposée de ma personne, de ce que je souhaitais, de l'envie de transmettre un message aux générations futures à une cause humanitaire qui concerne tout le monde, un héritage et un pont entre le présent et l'avenir.